Rhinite, asthme

Les symptômes

Les symptômes

La rhinite et/ou l'asthme professionnel surviennent avec une période de latence dans les conditions habituelles d'exercice du travail. La rhinite est souvent négligée par les patients.

Les principaux symptômes sont :

Pour la rhinite

  • Prurit nasal, rhinorrhée (antérieure ou postérieure), éternuements, obstruction nasale ;
  • ± associés à une conjonctivite, une hyposmie ou anosmie.

Pour l’asthme

  • des symptômes respiratoires de brève durée : gêne, poids sur la poitrine, toux, sifflements etc ...
  • une exacerbation des symptômes durant au moins 2 jours sans retour à la normale, nécessitant un recours inopiné aux soins.

Les symptômes sont rythmés ou aggravés par les périodes de travail, du moins au début de l’évolution.

Pensez à poser 4 questions sur les symptômes respiratoires de rhinite ou d'asthme :

  • surviennent-ils sur les lieux du travail ?
  • s'améliorent-ils durant le repos hebdomadaire ?
  • s'améliorent-ils lors de congés prolongés ou se normalisent-ils ?
  • s'aggravent-ils pendant le travail ou au décours du travail ?

Un repérage et une éviction précoces au stade de rhinite sont nécessaires, car la rhinite est un facteur de risque de l’asthme professionnel.

À noter :

  • la rhinite peut évoluer indépendamment de l’asthme ;
  • une fois installé, l’asthme peut évoluer pour son propre compte, même après éviction des facteurs de risque professionnels.

Les principaux métiers

Les principaux métiers

Les rhinites et asthmes professionnels sont induits par :

  • des substances d'origine animale ou végétale (souvent mécanisme IgE-dépendant),
  • ou par des produits chimiques ou des métaux (mécanismes mal connus).

Devant des symptômes respiratoires nouvellement apparus ou aggravés, rechercher une exposition professionnelle en interrogeant le patient sur les métiers exercés :

Principaux métiers pouvant être concernés % rhinite allergique professionnelle (RAP) % asthme professionnel (AP) Principaux risques Tableaux
Métiers dépendant du régime agricole     Tous les agents végétaux et animaux TRA 45
Boulangers, pâtissiers  72 % des RAP 20% des AP   Farine de blé, de seigle TRG 66
Enzymes TRG 63
10% des AP Latex des gants (via le talc) TRG 95
Aldéhydes :
glutaraldéhyde
formaldéhyde (formol)
TRG 66
TRG 43
Métiers de la santé  Ammoniums quaternaires TRG 66
 Coiffeurs 8% des AP Produits de décoloration capillaire :

  • persulfates alcalins ++ ;
  • Teintures capillaires ;
  • Produits de permanente ;
  • Henné.
TRG 66
Personnels de nettoyage  4-5% des AP  Etiologies multiples : acariens, ammoniums quaternaires des détergents (le spray facilite leur pénétration respiratoire) TRG 66
Latex des gants TRG 95
Travailleurs du bois   5% des AP Nombreuses espèces de bois sensibilisantes TRG 47-A
Vernis contenant des isocyanates* TRG 62
Formaldéhyde TRG 43
Peintres
Particulièrement, peintres au pistolet sur métaux (BTP, métallurgie), applicateurs de revêtements de surfaces en résine synthétique
  8% des AP Résines, peintures, colles, vernis polyuréthanes contenant des isocyanates* TRG 62
Autres**     Travail en présence de toute protéine en aérosol TRG 66
Multiplicité des agents étiologiques (près de 400 au total)** Autres tableaux non mentionnés ci-dessus

TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole
* L’asthme aux isocyanates est un cas d’éviction au poste de travail
** L’enquête professionnelle approfondie relève du médecin du travail. Cependant, le site de l’INRS permet un accès facile aux tableaux de maladie professionnelle par pathologie, par agent en cause ou travaux effectués :
http://www.inrs-mp.fr/mp/cgi-bin/mppage.pl

Autres tableaux non mentionnés

Titre des autres tableaux non mentionnés

Régime général

Régime
agricole

Affections respiratoires provoquées par l’acide chromique, les chromates et bichromates alcalins (rhinite et asthme)

TRG 10bis

 

Affections de mécanisme allergique provoquées par les amines aromatiques, leurs sels, leurs dérivés (dont rhinite et asthme)

TRG 15bis

 

Affections professionnelles provoquées par l’arsenic et ses composés minéraux (dont rhinite)

TRG 20-B

TRA 10-A

Affections provoquées par les phosphates, pyrophosphates et thyophosphates d’alcoyle, d’aryle ou d’alcoylaryle et autres  organophosphorés anticholinestérasiques ainsi que les phosphoramides et carbamates hétérocycliques anticholinestérasiques (dont dyspnée asthmatiforme)

TRG 34-B

TRA 11

Affections respiratoires causées par les oxydes et sels de nickel (rhinite et asthme)

TRG 37bis

 

Maladies engendrées par les bétalactamines et les céphalosporines (dont rhinite et asthme)

TRG 41

 

Affections respiratoires provoquées par les amines aliphatiques, les éthanolamines ou l’isophoronediamine (rhinite et asthme)

TRG 49bis

 

Affections respiratoires provoquées par la phénylhydrazine (dont rhinite et asthme)

TRG 50

 

Affections professionnelles provoquées par le cobalt et ses composés (dont rhinite et asthme / dyspnée asthmatiforme)  

Affections professionnelles provoquées par le furfural et l’alcool furfurylique (dont rhinite et asthme)

TRG 74

 

Affections provoquées par le méthacrylate de méthyle (dont rhinite et asthme)  

TRG : Tableau de maladie professionnelle du Régime Général
TRA : Tableau de maladie professionnelle du Régime Agricole

Distinguer maladie professionnelle et accident du travail

août, 2014

La maladie professionnelle concerne :

  • la rhinite récidivant en cas de nouvelle exposition au risque ou confirmée par test ;
  • l’asthme aggravé par le travail ;
  • l’asthme de novo induit par le travail.

L’accident du travail concerne les accidents aigus respiratoires sur les lieux du travail.

L’asthme aigu au travail dans le cadre d'un accident du travail professionnel survient sans période de latence, dans des conditions d'exposition inhabituelles voire exceptionnelles (accident, incendie, défaut de ventilation) : Syndrome d'Irritation Aiguë Bronchique (SIAB) (en Anglais, RADS pour Reactive Airways Dysfunction Syndrome). Il nécessite un traitement d'urgence, un suivi pneumologique et la rédaction d'un certificat d'accident du travail. Substances fréquemment mises en cause : chlore et dérivés, acides, isocyanates.      

Conduite à tenir par maladies : 

Confirmer la rhinite ou l'asthme

août, 2014

Le médecin traitant confirmera la rhinite ou l'asthme, il précisera sa sévérité, et évoquera l'origine professionnelle en collaboration avec le pneumologue, l'allergologue et le médecin du travail.

  Rhinite professionnelle Asthme professionnel
Diagnostic clinique : dépister Rechercher les symptômes
(Cf. paragraphe 1)
Interroger : symptômes variables et réversibles au début
Diagnostic paraclinique :
Tests

Allergie à des substances de haut poids moléculaire (PM) (principalement protéine animale ou végétale) (Recommandation 9)

Tests cutanés (PRICK tests)
et/ou tests d’IGE - réactivité sérique (RAST, in vitro)

Allergie aux substances de bas poids moléculaire

Test cutanés et RAST inutiles
sauf pour les sels de platine et les colorants réactifs
Imagerie Aucun examen d’imagerie n’est justifié en première intention (Recommandation 8)  
Endoscopie Rhinoscopie antérieure si : symptômes unilatéraux, diagnostic incertain, échec du traitement initial (Recommandation 7)  
EFR EFR recommandée chez les sujets à haut risque d’asthme professionnel (Recommandation 12) EFR
En cas de difficulté de diagnostic étiologique Eventuel test de provocation nasale spécifique en centre spécialisé (Recommandation 10) Pneumologue* : mesure de l'hyperréactivité bronchique non spécifique, test de provocation bronchique spécifique réaliste, recherche d’une inflammation mesure du NO exhalé, de l’éosinophilie de l’expectoration....

* Possibilité de donner un peak flow (débitmètre de pointe) au patient pour faire des mesures sur le lieu de travail et en période de repos.

L'hyperréactivité bronchique peut être soupçonnée cliniquement : toux ou gêne respiratoire au contact d'irritants - fumée de tabac, odeurs fortes, sprays, polluants - ou déclenchées par le rire, l'effort, le froid...

Consulter la synthèse des Recommandations pour la prévention et la prise en charge de la rhinite allergique professionnelle.

Conduite à tenir par maladies : 

Rôle du médecin clinicien

août, 2014

Prévenir 

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Pour cela, consulter la page 9 de la fiche pratique sur l’asthme professionnel n°7 de la Société de pneumologie de langue française (SPLF)

  1. Donner des conseils d’orientation professionnelle aux enfants/ adolescents/ jeunes adultes ayant des antécédents d’atopie, afin de choisir des métiers ne comportant pas d’exposition à des allergènes de haut poids moléculaire.
  2. Etre vigilant au dépistage de rhinite ou d’asthme chez les artisans et travailleurs indépendants qui n’ont en général pas de médecin du travail.

Contrôler les symptômes, avec éducation thérapeutique du patient

Le traitement est du ressort du médecin généraliste, du pneumologue et / ou de l’allergologue.

Contacter le médecin du travail

Devant une rhinite ou un asthme professionnel, adresser le patient au médecin du travail avec un courrier. Si le patient travaille, il peut à tout moment demander une visite occasionnelle. En cas d'arrêt de travail, demander une visite de pré-reprise au médecin du travail pour envisager des aménagements de poste ou un reclassement si nécessaire, et mobiliser le réseau de maintien dans l’emploi si besoin.

Proposer éventuellement une déclaration de maladie professionnelle de la rhinite ou de l’asthme en lien avec le travail, en particulier quand il y a un risque de désinsertion professionnelle.

Conduite à tenir par maladies :