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Grossesse et travail

Femme enceinte
Votre patiente, Mme N., est enceinte depuis 6 semaines. Elle travaille en tant que coiffeuse dans un salon de coiffure et s’inquiète sur les cosmétiques qu’elle utilise quotidiennement dans son travail.

1. Comment repérer les facteurs de risques professionnels éventuellement dangereux pour sa grossesse ?

Vous lui posez des questions sur son métier, son statut d’emploi (salariée, indépendante, en CDD, intérimaire…), ses conditions de travail réelles, par exemple sur :

  • Ses horaires de travail, moyen et temps de transport
  • Les contraintes et risques physiques
  • Les risques chimiques et biologiques
  • Son vécu du travail (pénibilité, souffrance psychique liée au travail…)

Tout métier peut engendrer des facteurs de risques pour la santé d’une patiente enceinte et celle de son fœtus. Vous pouvez consulter le SISTEPACA pour connaitre les principaux métiers et risques professionnels en découlant.

Suite à votre interrogatoire, vous suspectez en effet des risques d’exposition à des produits chimiques notamment dans les colorants, les solvants, et des risques d’exposition à des perturbateurs endocriniens (parabènes, phtalates, phénoxyéthanol, esthers de glycol…), de plus votre patiente vous informe qu’elle reste debout toute la journée.

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2. Vers qui orienter ma patiente ? 

  • Vous conseillez fortement votre patiente à prendre un rendez-vous le plus tôt possible avec son médecin du travail, tout en rédigeant un courrier à son intention.
  • Le médecin du travail est soumis au secret médical, l’employeur ne sera informé de la grossesse de votre patiente que si celle-ci donne son accord.
  • Le médecin du travail peut se déplacer sur le lieu de travail de la salariée pour vérifier ses conditions de travail réelles afin de proposer si nécessaire des aménagements de poste.
  • En cas d’absence de suivi de votre patiente par un médecin du travail, vous l’invitez à se rapprocher de l’inspection du travail afin que son employeur adhère à un service de prévention en santé travail en la rassurant sur la préservation de l’anonymat de sa plainte en cas d’intervention de l’inspection du travail.
  • Vous pouvez également orienter votre patiente vers le centre régionale des pathologies professionnelles et environnementales (CRPPE)

Après avoir vu son médecin du travail, des aménagements de poste sont proposés à votre patiente : interdiction de manipuler certains cosmétiques utilisés dans le salon de coiffure, mettre des gants pour toute utilisation de produits cosmétiques, aménagement du poste de travail avec la présence d’un tabouret adapté, aménagement des horaires de travail (30 minutes de travail en moins par jour).

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3. Le suivi de la grossesse de votre patiente en lien avec son travail 

  • Vous voyez votre patiente régulièrement et faites le point avec elle notamment sur l’adéquation entre ses conditions de travail et sa grossesse
  • Pensez au congé pathologique prénatal dès lors que la grossesse présente des risques
  • Sachez qu’il existe dans le Code du Travail des dispositions spécifiques afin de protéger les femmes actives tout le long de leur grossesse (préalablement et durant le congé maternité) ainsi qu’en cas d’allaitement

Votre patiente vous évoque le fait qu’elle est très fatiguée, notamment avec les trajets en métro et la position debout, malgré les aménagements de son poste de travail. Vous lui proposez de l’arrêter 2 semaines avant son début de congé maternité (congé pathologique prénatal).

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4. Le retour au travail 

  • Vous interrogez votre patiente sur sa reprise au travail, son vécu, son projet d’allaitement…
  • Vous lui conseillez de solliciter son médecin du travail pour une visite de pré-reprise, notamment en cas d’allaitement
  • La femme allaitant son enfant peut le faire dans l'établissement où elle travaille et dispose, pour cela, d'une heure par jour pendant les heures de travail et d’un lieu dédié (l’employeur n’est pas dans l’obligation d’indemniser cette heure, cela dépend des accords d’entreprise)

Au vu de l’état anxio-dépressif de votre patiente depuis son accouchement et de ses questionnements sur son projet d’allaitement ainsi que son exposition professionnelle à des produits chimiques, vous lui prescrivez un congé pathologique postnatal de 15 jours. Vous lui conseillez également de contacter son médecin du travail pour une visite de pré-reprise.

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