Votre patiente, Mme L. 41 ans, infirmière dans un service d’urgence, vient vous voir car elle se trouve dans un état d’épuisement émotionnel et physique intense, avec une extrême fatigue, un mal de dos et fait des insomnies importantes. Mme L. qui a toujours été très investie dans son travail, vous parle de sa situation de travail qui est devenue intenable du fait notamment de fortes exigences émotionnelles et un contexte de violences verbales. Elle vous avoue ne plus pouvoir faire correctement son métier. Hier, elle a eu une forte dispute avec sa hiérarchie. Votre patiente semble être dans un état de détresse psychologique important.
1. Dans un premier temps : Quoi faire ?
- Vous lui posez des questions sur ses conditions et son organisation de travail tout en examinant votre patiente.
- Vous assurez sa prise en charge médico-psychologique, en fonction de la sévérité de son état anxio-dépressif, avec une recherche d’un éventuel risque suicidaire.
- Il est recommandé d’orienter votre patiente vers un spécialiste de santé mentale : psychiatre, psychologue du travail, etc.
Suite à votre interrogatoire et votre examen vous lui prescrivez un arrêt de travail de 15 jours. Vous lui proposez de la revoir une semaine plus tard.
2. Comment accompagner sa patiente en épuisement professionnel ?
- Vous réévaluez régulièrement la situation psychique de votre patiente
- Vous conseillez à votre patiente de solliciter une visite de pré-reprise auprès de son médecin du travail, en lui proposant d’accompagner cette visite par une lettre dans laquelle vous décrivez la situation de façon factuelle
- Il existe d’autres soutiens pouvant être mobilisés : les centres de pathologies professionnelles et environnementales (CRPPE), les acteurs de l’entreprise (représentant du personnel…), l’inspection du travail, les assistantes sociales de l’organisme de sécurité sociale … (consultez l’annuaire)
Après plusieurs semaines d’arrêt suite à un état anxio-dépressif sévère, votre patiente prend rendez-vous pour une visite de pré-reprise avec le service de prévention et santé au travail auquel son employeur est affilié. En lien avec le médecin du travail, elle voit un psychologue du travail attaché à ce service. Cette visite permet de faire le point sur la situation de travail, sur son état de santé et d’anticiper la reprise du travail.
3. Est-il possible de déclarer une affection psychique en maladie professionnelle ?
- Reconnaissance possible des affections psychiques en maladie professionnelle par le comité régional de reconnaissance en maladies professionnelles (CRRMP) sous réserve :
- D’un niveau de gravité suffisant (incapacité permanente partielle ≥ 25 % ou décès du patient)
- Et qu’un lien direct et essentiel puisse être établi entre la pathologie et les conditions de travail
- A votre niveau, vous avez juste à remplir le certificat médical initial (CMI)
- Suite à ce CMI, le patient pourra faire sa déclaration en maladie professionnelle.
La reconnaissance des affections psychiques en maladies professionnelles augmente depuis quelques années en France, toutefois celle-ci semble encore sous-estimée notamment par la méconnaissance des systèmes de déclaration et reconnaissance en maladies professionnelles des professionnels de santé et des patients. Pourtant les intérêts sont doubles à la fois pour le patient et pour la société.
Votre patiente vous a parlé de harcèlement par sa hiérarchie
4. Quels sont les pièges à éviter ?
- Ne pas mentionner « harcèlement » sur un certificat médical ou sur un arrêt de travail : c’est un terme juridique
- Décrire uniquement l’état de santé de votre patient sur les certificats médicaux
- Rester factuel dans la description des faits dans un courrier destiné au médecin du travail ou médecin conseil : ne pas mentionner « harcèlement », ni « souffrance au travail » …
5. Comment éviter la désinsertion professionnelle de ma patiente ?
- Conseiller à votre patient de rencontrer son médecin du travail
- Poursuivre l’accompagnement auprès du psychiatre ou psychologue
- De nombreux outils et ressources existent pour éviter la désinsertion professionnelle
Votre patiente avec l’appui de son médecin du travail et du psychologue du travail envisage soit une reprise sur son poste de travail avec aménagement, soit un reclassement vers un autre service ou un licenciement si le reclassement n’est pas possible. Le reclassement vers un autre service est finalement décidé par votre patiente.